Une lettre autographe signée de Galilée (1637) : trésor parmi les trésors.

Il est des personnages célèbres que les collectionneurs de lettres autographes et de manuscrits peuvent se résoudre à oublier et dont l’acquisition de la moindre trace écrite est une idée sans rapport avec la réalité. Parmi ces personnages célèbres se trouve le physicien, mathématicien et astronome italien Galilée (1564-1642).

Reproduction facsimile de la lettre autographe signée de Galilée passée en vente le 6 décembre 1961.

Il fut une époque où néanmoins l’idée était envisageable au gré des enchères. Le 6 décembre 1961, à Paris, au palais Galliéra, lors d’une vente organisée par Me Maurice Rheims avec l’appui des experts Pierre Bérès, Michel Castaing et De Nobele, une fantastique lettre de Galilée était proposée aux collectionneurs. Cette lettre entièrement autographe et signée « Galileo Galilei » était datée du 9 mai 1637 et écrite à Benedetto Guerini (1 page in-folio). Il ne s’agissait pas d’un simple reçu ou d’une liste quelconque. Cette lettre était relative à l’impression des plus importants ouvrages scientifiques de Galilée, à ses rapports avec le Grand-Duc de Toscane et à sa réclusion par le Saint-office. C’était l’une des toutes dernières lettres écrites par le savant avant qu’il devienne aveugle (7 mois plus tard).

Galilée écrit alors au secrétaire du Grand-Duc de Toscane de sa villa d’Arcetri, près de Florence où il était consigné par le Saint-Office depuis près de quatre ans (avec une interdiction absolue de se rendre à Florence). Galilée avait été condamné en 1633 pour avoir défendu les thèses coperniciennes (soutenant que la Terre tourne autour du soleil, et que celui-ci est le centre de l’univers).

Le Grand-Duc Cosme II de Médicis, empressé de secourir Galilée, lui a envoyé le Sieur Peri (le géomètre Dino Péri) pour l’aider dans son travail. Galilée écrit : « (…) L’aide du seigneur Peri en peu de jours me conduira au port où je trouverai le calme, non pas dans l’oisiveté mais en des études moins difficiles et plus agréables. Aujourd’hui, je suis avisé de Venise que la première feuille imprimée est en route, ce qui vous est une garantie qu’on travaille pour moi à Leyde, chez ces Elvézirs, les plus fameux imprimeurs de l’Europe ; ce sont eux aussi qui ont imprimé mon scandaleux Dialogue traduit en latin (…) ainsi qu’en dernier lieu ma Lettre à Madame Sérénissime de glorieuse mémoire, traduite aussi en latin et imprimée dans les deux langues, dont j’attends quelques exemplaires… »

Dans cette lettre, Galilée fait référence aux Discorsi e demonstrazioni matematiche qui s’imprimaient chez les Elzévier sous la surveillance du comte de Noailles, ambassadeur de France à la cour de Toscane et dédicataire de ce livre. Les deux autres ouvrages cités sont le Systema cosmicum et sa seconde partie, la célèbre lettre copernicienne à Christine de Lorraine, grande-duchesse de Toscane. Ces trois ouvrages étaient imprimés à l’étranger avec l’accord secret de Galilée et malgré l’interdiction du Saint-Office.

Galilée avait été informé que le Grand-Duc le recevrait volontiers s’il pouvait venir à Florence sans danger. Dans cette lettre, Galilée suggère donc un moyen de se rendre secrètement chez son altesse, dans un petit carrosse fermé qui viendra le prendre puis il prie son correspondant d’en faire la proposition et de remercier Son Altesse qui lui a procuré l’assistance du seigneur Péri.

La signature « Galileo Galilei » au bas de la lettre.

Pour la petite histoire, cette lettre a été adjugée 30.000 francs (soit l’équivalent de 47.000 € eu euros d’après l’INSEE) et avant de trouver un acquéreur, elle fut la propriété de l’écrivain, publiciste et collectionneur Jean Davray (1914-1985).