Une des dernières lettres autographes du Maréchal Berthier avant sa mort (1815)
Notre Galerie propose actuellement à son catalogue une très émouvante lettre autographe (peut-être la dernière) du chef de l’État-Major de Napoléon Ier, le maréchal Louis-Alexandre Berthier (1753-1815). Pour ceux qui connaisse l’histoire du Premier Empire, la mort de ce maréchal est un mystère.

Rallié aux Bourbons après la première abdication de Napoléon Ier (avril 1814), le maréchal Berthier accueille lui-même Louis XVIII à Compiègne et est nommé pair de France. Son attitude aura été très critiquée mais elle s’explique aussi par une profonde lassitude après tant d’années de conquêtes, de batailles, de diplomaties et de retournement de situation. À 61 ans, comme d’autres maréchaux, Berthier ne souhaite plus que la paix. Au retour de Napoléon en mars 1815, Berthier suit Louis XVIII dans son exil à Ostende, ce qui lui vaut d’être rayé de la liste des maréchaux. Finalement, il part se réfugier dans son château de Bamberg en Bavière.
Tiraillé par ses sentiments de fidélité et son admiration pour Napoléon, Berthier tente de revenir en France. Mais il est assigné à résidence et est fait prisonnier de son château par le chancelier Metternich. Les adversaires de Napoléon savent trop bien l’importance que représente Berthier, maréchal de l’ombre mais lieutenant et logisticien redoutable.
Berthier, emprisonné dans sa demeure, bascule selon les témoins dans un profond état dépressif. Le 1er juin 1815, quelques jours seulement avant la bataille de Waterloo, Berthier est retrouvé mort après une chute du fenêtre du troisième étage de son château. Crime, accident ou suicide ? Les spéculations depuis deux cent ans vont bon train.
Notre lettre autographe a été écrite une semaine avant sa mort. Il écrit ce 22 mai 1815 au duc de Feltre et lui annonce qu’il a remis officiellement sa démission à Louis XVIII :
« Mon cher Duc de Feltre.
J’ai reçu votre lettre et en même temps une du Roy, l’état de ma santé est toujours mauvais, j’ai un bras presque perclus et je suis obligé de persister à me retirer de toute fonction militaire et conformément à ce que vous me prescrivez par votre lettre, j’adresse au Roy officiellement ma démission dans les termes de la lettre dont copie est ci-incluse. Vous me connaissez depuis 30 ans mon cher duc, assuré le Roy de ma fidélité dans ma retraite chez mon beau-père ou je suis occupé à soigner ma santé – en continuant les tristesses dans lesquelles je suis. Conservez moi mon cher duc, les sentiments de votre ancienne amitié.
Le Prince de Wagram.
Alexandre »

Napoléon regrettera beaucoup l’absence de son lieutenant. À Sainte-Hélène, il confia à Las Cases : « Si j’avais eu Berthier, je n’aurais pas eu ce malheur« . Ce malheur fut Waterloo.
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