Le Tombeau de Chateaubriand : une lettre autographe
Notre galerie présente ce mois-ci une très belle lettre signée de François-René de Chateaubriand (1768-1848). Datée d’août 1841, écrite de Paris, et adressée au journaliste et historien Pitre-Chevalier (1812-1863), Chateaubriand demande probablement à son correspondant de faire suivre une lettre à son cousin Frédéric de Chateaubriand, fils d’Armand de Chateaubriand (1768-1809) dont l’écrivain n’oublie pas de dire qu’il a été « fusillé par Bonaparte ».

Agent royaliste et soldat de l’armée de Condé, Armand de Chateaubriand fut condamné à mort par une commission militaire et fusillé le 31 mars 1809. Dans les Mémoires d’outre-tombe, Chateaubriand écrira : « Le jour de l’exécution, je voulus accompagner mon camarade d’enfance sur son dernier champ de bataille; je ne trouvais point de voiture, je courus à pied à la plaine de Grenelle. J’arrivais, tout en sueur, une seconde trop tard : Armand était fusillé contre le mur d’enceinte de Paris. Sa tête était brisée; un chien de boucher léchait son sang et sa cervelle… ».
Toujours dans cette lettre, Chateaubriand envie Pitre-Chevalier de se rendre en Bretagne et particulièrement dans la région de Saint-Malo où l’écrivain a passé son enfance. Une « patrie » écrit-il « que je n’ai pas visitée depuis 50 ans. Je n’y connais plus personne et personne ne m’y reconnaitrait ».
Enfin, Chateaubriand termine la rédaction de la lettre par cette phrase qui fait office de voeu : « Vous trouverez peut-être une pierre sans nom préparée pour me couvrir au bord de la mer dans un îlot de sable où je désire être enterré… ».
Dès 1823, Chateaubriand avait commencé à chercher un lieu en bord de mer, une île idéalement, pour y être enterré. En 1828, il adresse une demande spécifique au maire de Saint-Malo : que lui soit concédée la pointe ouest de l’île du Grand Bé. Si cette demande embarrasse dans un premier temps la municipalité qui n’accorde pas son autorisation, un admirateur de l’écrivain appuie en 1831 sa demande auprès du nouveau maire qui accepte ce désir à la condition que le ministre de la Guerre y consente aussi. Détail atypique, le tombeau sera terminé dix ans avant la mort de l’écrivain (en 1838).

Il est possible aujourd’hui, à marée basse de se rendre à pied sur l’ile de Bé et d’admirer le tombeau. Si à l’origine aucune n’inscription n’y figurait, une plaque fut posée où l’on peut lire : « Un grand écrivain français a voulu reposer ici pour n’y entendre que le vent de la mer. Passant respecte sa dernière volonté ».
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