Le Testament politique de Louis XVI (1791) : le manuscrit retrouvé.

Dans la nuit du 20 au 21 juin 1791, Louis XVI et la famille royale s’enfuirent du château des Tuileries pour rejoindre à l’est, les troupes du marquis de Bouillé stationnées aux frontières du royaume. Quelques heures avant cette évasion, le roi rédigea et signa un manuscrit de seize pages nommé « Déclaration à tous les Français », et que l’on désigne aujourd’hui comme son testament politique. Dans ce manuscrit, Louis XVI clarifie nettement sa position à l’égard de la Révolution et son « projet » politique pour la France. Il conclut à l’adresse des parisiens : «Méfiez-vous des suggestions et des mensonges de vos faux amis, revenez à votre Roi, il sera toujours votre père, votre meilleur ami ». Enhardi par ce projet, Louis XVI, sortant incognito de Paris avec sa berline aurait déclaré : « me voilà donc hors de cette ville de Paris où j’ai été abreuvé de tant d’amertume. Soyez bien persuadés qu’une fois le cul sur la selle, je serai bien différent de ce que vous m’avez vu jusqu’à présent ». (Mémoires de la duchesse de Tourzel).
Sa Déclaration aux Français avait été confiée à son intendant de la Liste civile et ministre de sa Maison, Arnaud de La Porte (1737-1792). Ce dernier avait reçu pour mission de déposer le lendemain cette déclaration sur le bureau du président de l’Assemblée constituante qui en juin 1791 était Alexandre de Beauharnais (1760-1794). La déclaration aurait été ainsi lue devant tous les députés, tandis que Louis XVI aurait réussi sa fuite…
Arrêtés à Varenne-en-Argonne après qu’ils aient été reconnus par un maître de poste (Jean-Baptiste Drouet), le roi, la reine et leurs enfants durent rentrer à Paris et sceller définitivement le sort de la monarchie qui sera abolie l’année suivante.

Ce document est d’une très grande importance historique. Il dévoile l’intimité de la pensée de Louis XVI à l’égard de la Révolution. Décomplexé et certainement un peu enivré par la perspective d’une fuite réussie et par conséquent salutaire, on y découvre au fil de ce texte un monarque autoritaire et dont les positions sont nettes et tranchées (tandis qu’il avait dès les débuts de la Révolution hésiter, pour ne pas dire louvoyer). Ce manuscrit qui fut une pièce à charge pendant le procès du roi (décembre 1792 – janvier 1793) disparait semble t-il dès 1793 pour réapparaître seulement en 2009 lorsque le président de la société Aristophil (Musée des Lettres et des Manuscrits) s’en porte acquéreur pour 1 million d’euros auprès d’un collectionneur américain qui en était le propriétaire. On n’a jamais su de quelle manière et à quelle époque ce manuscrit avait pu traverser l’Atlantique.
Son retour en France fit sensation (on le pensait perdu) et Il devint l’un des joyaux de la grande collection privée de la société Aristophil. Cette dernière ayant cessé toute activité depuis 2014 (sur décision de justice), il est fort probable, comme la presse le laisse entendre depuis, que ce manuscrit sera probablement revendiqué par l’État français et rejoindra l’armoire de fer des Archives nationales.
Vous pouvez lire l’intégralité de la « Déclaration aux Français » à cette adresse