La fin de la Seconde Guerre mondiale : un document signé par le général Eisenhower (7 mai 1945).
À New-York, 27 mars 2002, lors de la vente des documents historiques américains de la collection Forbes chez Chritsie’s, se trouvait présenté un document exceptionnel, un peu noyé dans un catalogue riche et varié comprenant 192 lots dont entre autres des lettres de Georges Washington, Abraham Lincoln, des discours de John Fitzgerald Kennedy, de Richard Nixon et de Ronald Reagan. Ce document est en partie dactylographié et signé « Dwight Eisenhower » en tant que Commandant suprême des forces alliées. L’en-tête du document porte la mention « TOP SECRET » imprimé en rouge. Il est daté du 7 mai 1945, et si l’information n’est pas inscrite sur le document, il a été rédigé à Reims.
Il s’agit du document original (non une copie) du message le plus important de la Seconde Guerre mondiale, celui qui annonce officiellement la fin du long et terrible conflit en Europe. L’armée allemande est en état de déliquescence absolue, les armées américaines et russes se sont rencontrées le 25 avril à Torgau sur l’Elbe, Berlin est totalement encerclée et Hitler, le 30 avril, s’est suicidé dans son bunker. Le 2 mai, Berlin se rend définitivement. Le 7 mai , à 2h41, dans une salle du collège technique de Reims (aujourd’hui musée de la Réédition), le général allemand Alfred Jodl signe l’acte de réédition de l’armée allemande sans condition.

Une fois l’acte de capitulation signé par le général américain Smith, le général Jodl et des représentants de la France et de l’Union soviétique, Smith suggère à son commandant que cette nouvelle soit communiquée aux chefs d’état-major. Smith et plusieurs de ses collègues de la SHAEF (Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force) ont tenté de composer le message historique. « J’en ai essayé une moi-même », a rappelé Smith, « et, comme tous mes collaborateurs, à tâtons pour des phrases retentissantes « . Les américains ne savent comment l’écrire, cherchent une formule. Eisenhower a examiné et rejeté une série de brouillons de messages proposés par son personnel, qui « cherchaient tous à faire naître un rhétorique, une chose qui ne manquerait pas de figurer dans les livres d’histoire »
Enfin, tôt le matin, le Commandant suprême Eisenhower rédige personnellement le message dont la teneur fut des plus concises : « La mission de cette force alliée fut remplie à 02.41 heure locale du 7 mai , 1945. «

Le document de collection Forbes est le seul exemplaire officiel portant la signature autographe d’Eisenhower. Si plusieurs télégrammes avec signatures tapuscrites ont été envoyés, on n’en connait pas le nombre. On sait par ailleurs que pour commémorer l’évènement, Einsenhower a signé un petit nombre de documents non-officiels. Depuis 1945, seuls six exemplaires de ces documents ont été vendus aux enchères. Seul le « Forbes » est considéré comme un original. les cinq autres étant des reproduction dites « miméographique » (Fac-similé) portant certes une signature authentique d’Eisenhower mais postérieures aux évènements (le plus cher avait été adjugé 40.000 $ en 1997 chez Sotheby’s).
L’exemplaire Forbes avait été estimé au catalogue de 2002 entre 60.000 et 80.000 $. Il trouva un acquéreur à 160.000 $ (hors frais de vente) avant d’être revendu en France, en 2010, 1.410.100 $. Il fut la propriété du Musée des Lettres et Manuscrits (depuis disparu). Il est étonnant de constater que ce document n’est pas été préempté ou revendiqué par les Etats-Unis ou l’un pays alliés. Reste à savoir aujourd’hui si l’État français s’en est porté acquéreur à la suite de la fermeture du Musée des Lettres. Il pourrait ainsi revenir en ses lieux et être exposé à Reims.
