Catégorie : Histoire des Autographes

J’Accuse ! : le manuscrit autographe d’Emile Zola.

Le manuscrit autographe de la célèbre lettre-manifeste d’Émile Zola se trouve aujourd’hui aux archives de la Bibliothèque nationale de France. Il s’agit d’un manuscrit de 39 pages accompagné d’une enveloppe sur laquelle l’écrivain avait écrit « Manuscrit de ma lettre à M. Faure ».

Depuis sa rédaction, le Manuscrit de J’Accuse était resté dans la famille avant que l’arrière petite-fille d’Émile Zola ne se décide en 1987 à le vendre aux enchères. Compte tenu de l’importance de ce texte, un des plus célèbres de l’histoire politique française, le ministre de la Culture de l’époque, François Léotard, s’était opposé à cette vente. Grâce à une importante levée de fonds du Ministère, la Bibliothèque nationale s’en était portée acquéreur en 1991. 

Pout tous ceux qui souhaiterait  néanmoins posséder un document lié à ce texte, on peut encore trouver aux catalogues des salles de vente ou chez les marchands, l’édition originale du journal L’Aurore dans lequel était paru ce manifeste (13 janvier 1898). J’Accuse était paru sur six colonnes à la une et son titre (inspiré à Zola par Georges Clemenceau) saute aux yeux du lecteur, étalé en grand avec ces trois énormes point de suspension. Comme le relate Charles Péguy, « le choc fut si extraordinaire que Paris faillit se retourner ». 300.000 exemplaires furent écoulés en quelques heures. À propos de ce texte, Jules Guesde déclara qu’il était « l’acte le plus révolutionnaire du siècle ». 

À titre d’information, cette édition originale de L’Aurore avait été proposée lors de la vente de la bibliothèque de Dominique de Villepin en novembre 2013 chez Pierre Bergé. Le lot (remarquablement bien conservé ) avait été estimé 6.000 / 8.000 € (il ne trouva pas preneur). En mars 2018, chez Ader, un exemplaire avait été adjugé à 5250 €. 

La une du journal L’Aurore du 13 janvier 1898

Retrouver nos lettres autographes d’Emile Zola sur le site de notre Galerie.

L’Armoire de fer des Archives nationales : les trésors de l’histoire de France.

C’est aux Archives nationales françaises, aux Grands dépôts, que se trouve l’une des plus grandes collections de documents autographes ayant attrait à l’histoire de la France. Cette collection est renfermée dans un coffre baptisé « L’Armoire de fer ». 

L’Armoire fer ouverte, renfermant les plus importants documents et objets de l’histoire de France

Celle-ci à été fabriquée en pleine Révolution sur décision de l’assemblée constituante. Le projet a été motivé par un homme : Armand Gaston Camus (1740-1804), député du Tiers-Etats pour Paris avec Bailly et Guillotin et un des rédacteurs de la Constitution civile du clergé. Nommé en août 1789 archiviste de l’Assemblée constituante, Camus est à l’origine de la création des archives nationales. 

Le 30 novembre 1790, l’Assemblée constituante décide donc de la fabrication d’un coffre-fort destiné à mettre à l’abri les planches et le matériel à fabriquer des assignats (afin d’éviter les fraudes et les contre-façons). Ce coffre dit « armoire de fer » est réalisé par le serrurier Marguerit à partir des dessins de l’architecte Paris. 

Dans un premier temps, l’armoire est entreposée dans l’ancien couvent des Capucines. Rapidement, les constituants décident d’y entreposer les actes législatifs les plus importants (actes constitutionnels, décrets, lois, minutes…). En 1793, l’armoire est transférée aux Tuileries avant d’être définitivement installée à l’hôtel de Soubise en 1848 (en 1808, Napoléon Ier avait décidé d’affecter l’hôtel de Soubise aux archives impériales). En 1866, l’armoire fait place dans la salle du trésor des chartes, au sein des nouveaux dépôts décidés par Napoléon III.

Cette armoire de fer est réputée indestructible et inviolable (son ouverture s’articule autour de 6 molettes capable chacune d’encoder 26 lettres de l’alphabet, et donc de démultiplier les combinaisons. Aussi, elle dispose de clés uniques à 4 tours ouvragées dans la masse de l’acier sans la moindre soudure) . Elle est constituée de deux imposants caissons métalliques emboîtés de 2,60 m sur 2,60m. Trois clefs sont nécessaires pour l’ouvrir. À l’origine, ces clefs étaient confiées au président de l’Assemblée, son secrétaire et à son archiviste. 

Les documents du musée des Archives nationales sont aujourd’hui répartis en cinq sous-séries. La première nommée « AE1 » ne concerne que l’Armoire de fer et renferme « les documents et objets le plus prestigieux des Archives nationales ». Quels sont ces trésors ? 

L’Armoire de fer fermée, au sein de la salle des Grands dépôts

On y trouve tout d’abord touts les originaux des constitutions de la France depuis 1791 jusqu’à nos jours. Ensuite les documents autographes, les manuscrits, les imprimés dont la valeur historique est incommensurable : La déclaration des droits de l’homme, Le journal de Louis XVI, la Gazette des Atours de Marie-Antoinette, la dernière lettre de Marie-Antoinette avant de mourir, le Serment du Jeu de Paume, le testament de Louis XIV et de Louis XVI, le testament de Napoléon Ier, la ratification du traité de paix d’Amiens en 1527 par Henri VIII roi d’Angleterre, le sénatus-consulte du 15 thermidor an X (3 août 1802) proclamant Napoléon Bonaparte consul à vie, etc. On y trouve aussi des objets tels que les clefs de la Bastille, le mètre et le kilogramme étalons en platine, etc. 

Cette armoire, plus que bi-centenaire, a été restaurée durant l’été 2019. Son système de serrurerie avait subi les affres du temps et des manipulations. Je laisse ci-dessous un lien vers une vidéo de présentation de cette prestigieuse armoire pour ceux qui aimeraient en savoir plus.

La présentation de l’Armoire de fer par les Archives nationales.

Une lettre autographe de Picasso à Apollinaire

En lisant l’excellent ouvrage Les Archives de Picasso, « On est ce que l’on garde » (Edition de la Réunion des musées nationaux, Seuil, Paris, 2003), je suis tombé sur cette lettre autographe signée de Pablo Picasso à Guillaume Apollinaire, datée du 8 juillet 1918.

Lettre autographe signée de Picasso à Guillaume Apollinaire, 8 juillet 1918.

La lettre est très émouvante puisque Picasso rappelle à son ami qu’il doit être témoin à son mariage prévu le lendemain avec Olga Khokhlova, danseuse russe qui participa aux ballets de Serge Diaghilev. Dans cette lettre, il lui écrit : « Mon cher Guillaume, tu dois avoir eu ma lettre pour que tu sois à la mairie du 7e à 5 heures demain mardi. Je voudrais savoir si tu penses venir. Si pour quelque chose tu serais empêché, dis le moi pour que je tache de trouver un autre témoin pour demain. Bien à toi mon cher ami. Picasso« .

Finalement, les noces eurent lieu trois jours plus tard (12 juillet). Elles furent célébrées à l’église russe en présence notamment des trois témoins : Jean Cocteau, Max Jacob et Guillaume Apollinaire. La lettre est écrite sur le papier à en-tête de la maison de santé où était hospitalisée Olga depuis son accident. La jambe cassée, Olga mettra un terme définitif et bien malheureux à sa carrière de danseuse.

En lisant cette lettre, trois pensées me sont venues. D’abord, quelle merveilleuse liberté que de se demander la vieille de son mariage si son témoin viendra ou non. Bien qu’il n’aurait pas été difficile pour Picasso de trouver un remplaçant, on devine que la cérémonie ne devait pas angoisser plus que ça Picasso. Peu de conventions, un soupçon de bohème, le bateau-lavoir en somme. Ensuite, quelle richesse historique et culturelle, ou quelle jonction rare de talents. En terminant la lecture de cette lettre, on entend comme un un long écho : Picasso, Apollinaire, Olga, Diaghilev, les ballets russes, Cocteau, Max Jacob, Paris… tout un univers qui aujourd’hui fait encore rêver et passionne les historiens et les amateurs d’art. Enfin, comment ne pas penser aussi au destinataire en regardant la date. Guillaume Apollinaire, revenu blessé de la guerre, allait mourir quelques mois plus tard en novembre 1918. Il s’était marié en mai de la même année avec Jacqueline et ses témoins avaient été Ambroise Vollard, Gabrièle Buffet et… Picasso.

Conclusion ? Voici l’exemple type de l’importance du contenu d’une lettre autographe et ce qui par conséquent constitue sa valeur. Cette lettre qui au premier abord peut sembler intéressante sans a priori bouleverser nos connaissances ou la marche du monde, est le strict reflet d’un univers particulier et pas le moindre, celui qui accoucha d’une multitude de révolutions artistiques durant la Belle-Époque (et par la suite). J’écris cela car si l’on me demande souvent en ma qualité de marchand ce qui fait la valeur d’une lettre autographe ou d’un manuscrit, je réponds toujours que le contenu prime avant toute chose. Cette lettre de Picasso est ce que je considère un trésor. Je parlais précédemment d’un « écho ». Je pourrais aussi citer Flaubert qui parlant de l’odeur des châteaux écrivait qu’ils sentaient « l’exhalaison des siècles ». Cette lettre exhale totalement son époque et seul les trésors en sont capables. Et si l’on en revient à l’aspect le moins noble de mon métier, à savoir les prix, un manuscrit tel que celui-là en a t-il un ?

Note : Flaubert écrit exactement dans L’Éducation sentimentale : « cette exhalaison des siècles, engourdissante et funèbre comme un parfum de momie, se fait sentir même aux têtes naïves… » Funèbre peut-être mais je reprend ici que cette expression d' »Exhalaison des siècles » dont la signification correspond selon moi très bien aux plus belles lettres autographes.

Nous n’avons pas actuellement de lettres autographes de Picasso à notre catalogue. Néanmoins, vous retrouverez un manuscrit autographe de Jean Cocteau sur Louis de Vilmorin, une lettre autographe de Max Jacob sur la mort de Guillaume Apollinaire et une lettre autographe d’Ambroise Vollard.

Quand Serge Gainsbourg achetait le manuscrit de La Marseillaise (1981).

À Versailles, en décembre 1981, Serge Gainsbourg décidait de s’offrir le manuscrit autographe signé de la Marseillaise par Claude Rouget de Lisle. Ce manuscrit n’était pas l’original mais une réécriture « au propre » de l’hymne, datée du 7 août 1833 et accompagné d’un envoi ironique à Luigi Chérubini ( » Je vous adresse une de mes vieilles sornettes… »). Gainsbourg fut l’acquéreur pour la somme de 130.000 francs (ce qui d’après le convertisseur francs-euros de l’Insee – qui prend en compte l’évolution inflationniste) équivaudrait aujourd’hui en 2019 à la somme de 63.000 € (hors frais de vente). « J’étais prêt à monter jusqu’à 1 million de francs … » déclarait l’auteur-compositeur à la sortie.

Manuscrit autographe signée de La Marseillaise par Claude Rouget de Lisle.

En achetant ce manuscrit symbolique, Gainsbourg se permettait avec noblesse et provocation de prendre à contre-pied ses détracteurs. En effet, deux ans plus tôt était sorti son album Aux Armes et caetera (13 mars 1979). Album enregistré en Jamaïque (pour ma part, album touché par la grâce et dont je ne me lasserai jamais, ne serait-ce que pour le titre Lola Rastaquouère) et qui comprenait une reprise de la Marseillaise… mais version reggae. Les esprits conservateurs s’étranglèrent devant l’audace de Gainsbourg. Comment avait-il pu oser toucher à l’hymne national en le travestissant aux couleurs d’une musique syncopée, sensuelle, et en prime en abrégeant brutalement le refrain fédérateur. Colère, hystérie et dénonciations des esprits les plus obtus qui se levèrent et crièrent au scandale (l’écrivain et académicien Michel Droit déclara dans Le Figaro : « l’odieuse chienlit (…) une profanation pure et simple de ce que nous avons de plus sacré… »). Pour beaucoup d’entre eux la culture s’était arrêtée au pire à la mort de Chopin et au mieux , à la grande rigueur, à l’extrême limite décente, à l’enterrement de Claude Debussy… (problème d’ordre général dont il me faudra approfondir le sens dans un autre article).

Des parachutistes firent même irruption lors d’un concert de Gainsbourg en janvier 1980 à Strasbourg, prêts à en découdre avec le chanteur et son groupe (au passage celui de Bob Marley tout de même). Finalement, sans se démonter, Gainsbourg les apostropha et entonna A capella La Marseillaise devant les militaires. A défaut de bander ses muscles (qu’il n’avait pas) il fit bander son mépris et son courage devant un parterre d’hommes sur-musclés et en supériorité numérique (quand d’autres auraient fuit).

Ce jour de décembre 1981, Gainsbourg répondant à un journaliste qui lui demandait ce qu’il comptait faire du manuscrit, déclara dans une ultime provocation : « ce sera pour mettre sur mon balcon… ». Dernier détail, dans le manuscrit acheté Versailles, Rouget de Lisle avait écrit au passage du refrain : « Aux armes, Citoyens ! etc…. ». (http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/images/lamarsei.pdf).

Courte histoire des grandes collections de manuscrits littéraires.

À la suite d’un très intéressant article de Thierry Bodin dans Les Ventes de livres et leurs catalogues (XVIIe-XXe siècle) publié par l’École des chartes en 2000 (Actes des journées d’étude organisées par l’École nationale des chartes le 15 janvier 1998 et par l’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques le 22 janvier 1998), j’aborde ici l’histoire des grandes collections de manuscrits littéraires. Je me contenterai de résumer simplement cet article et d’inviter mes lecteurs à se procurer cet ouvrage passionnant consacré aux catalogues de ventes.

Les Ventes de livres et leurs catalogue (XVIIe-XXe siècle), École des Chartes, 2000;

Premier temps : la littérature, parent pauvre des collections d’autographes

L’âge d’or de la collection de manuscrits littéraires peut être compris entre deux dates : 1935 et 1989. Avant, la littérature était peu recherchée sur le marché des manuscrits et des lettres autographes. Et pour être catégorique, jusque vers 1830, le marché des autographes au sens le plus large possible était inexistant (à l’exception des manuscrits médiévaux et de la Renaissance). Les premières grandes collections sont surtout consacrées aux documents historiques. Néanmoins, à mesure que nous progressons dans le XIXe siècle, nous retrouvons dans des collections dispersées en salle de ventes des manuscrits littéraire. Timidement d’abord comme en 1837 lors de la vente Monmerqué où l’on retrouve au catalogue deux lettres et un manuscrit de D’Alembert ainsi qu’un manuscrit de Jacques Amyot. Ou en 1850 lors de la vente de Villenave (1824 lots, 17 vacations) : Manuscrit autographe de Bossuet, de Sade (Zélonide) de Antoine Arnauld, de Jean-Jacques Rousseau, de Voltaire et de Mirabeau entre autres.

Premier tournant : les grandes ventes de la fin du XIXe siècle

Ensuite, un premier tournant important se produit vers la fin du XIXe siècle avec la vente des grandes collections, et parmi elles la célèbre trilogie de ventes qui par leur immense catalogue constituent encore aujourd’hui  des références précieuses pour les marchands et les collectionneurs : la Vente de Benjamin Fillon (1877-1883), la vente d’Alfred Bovet (1884-1885) et la vente d’Alfred Morrison (1883-1896). À ce sujet Thierry Bodin écrit :

« Ce n’est qu’à la fin du siècle qu’on voit un mouvement nouveau se dessiner pour passer de la collection d’autographes à la collection de manuscrits littéraires, principalement contemporains ; en effet, il n’y a pas ou très peu de manuscrits littéraires des XVIIe et XVIIIe siècles ; mais l’écrivain du XIXe siècle va se préoccuper de garder ses propres manuscrits ».

Le catalogue de vente de la célèbre collection d’Alfred Bovet (1884-1885)

Les bibliothèques dispersées de personnalités ayant appartenu au champ littéraire renforcent aussi l’intérêt et la curiosité des collectionneurs : Jules Janin (1877), Champfleury (1890-1891) et de Poulet-Malassis (1878) l’attestent. Les lettres et manuscrits de Baudelaire, Hugo, Balzac, Chateaubriand et tant d’autres font des incursions remarquées dans les catalogues.

La première grande collection de manuscrits littéraires est à mettre au crédit de Charles Spoelberch de Lovenjoul (1836-1907). La collection rassemblée entre 1853 et 1907 reste à ce jour probablement inégalable par l’importance des manuscrits : Balzac, Théophile Gautier, Sainte-Beuve, George Sand et presque tous les romantiques. Cette collection a été léguée à l’institut de France en 1907.

Le début du XXe siècle : le manuscrit littéraire, un des fleurons de la bibliophilie

Les manuscrits et lettres autographes des grands écrivains sont désormais considérés et très recherchés. Ils occupent des places importantes dans les catalogues de ventes et parmi ces derniers citons notamment la vente de Victorien Sardou (1909-1910), Arthur Meyer (1924) et Robert de Montesquiou (1923-1924).

La toute première collection importante de manuscrits littéraires présentée en vente publique est celle de Georges-Emmanuel Lang (1925) : Apollinaire (manuscrit du Bestiaire), Balzac (Les Fantaisies de Gina), Barbey d’Aurevilly (Ce qui ne meurt pas), Baudelaire (Amoenitates Belgicae), Carco (L’Équipe), Gide (Cahiers d’André Walter), Huysmans (Là-bas et L’Oblat), Jarry (Ubu roi), Maupassant (Bel-Ami et Une Vie), Jules Renard (L’Écornifleur), Zola (Le Docteur Pascal)…

Le catalogue de vente de la bibliothèque de Louis Barthou (1935-1936)

En 1935-1936, la bibliothèque de Louis Barthou est dispersée en quatre vacations. 2143 numéros de manuscrits et de livres précieux et inestimables : Chateaubriand (le livre XX des Martyrs), Marceline Desbordes-Valmore (Les Pleurs), Camille Desmoulins (Entretiens de deux philosophes), Flaubert (Mémoire d’un fou), Victor Hugo (deux chapitres de Choses vues sur le retour des cendres de Napoléon en 1840), Théophile Gautier (Journal intime), Juliette Drouet (Carnet de 1833), Voltaire (L’Épitre au prince de Vendôme), Pierre loti (Mon frère Yves), Verlaine (Sagesse, Cellulairement)…

L’après guerre : les dernières grandes collections

On ne compte plus après 1950 les grandes ventes publiques consacrées aux manuscrits littéraires. Citons tout de même la vente de la bibliothèque du Docteur Lucien Graux (entre 1956 et 1958) : carnets de Victor Hugo, testament de Stendhal, manuscrit de la première Éducation sentimentale de Flaubert, l’Improvisation d’un Faune de Mallarmé, A Rebours de Huysmans, Poèmes saturniens de Verlaine, les Illuminations de Rimbaud, etc.

Les années 50-60 sont marquées aussi par :  la vente René Gaffé (1956) avec ses manuscrits surréalistes, la vente Gérard de Berny (1958-1959), Pierre Guerquin (1959), la célèbre vente « JD » (Jean Dravray) en 1961, la vente de la collection d’Alexandrine de Rothschild  vendue anonymement en plusieurs vacations (1968-1969). Dans les années 80-90, la vente Jacques Guérin sera une des plus importantes de cette fin de siècle.

Mettons à part pour finir une dernière grande vente, quantitativement et qualitativement ahurissante, celle du colonel Daniel Sickles (1904-1989). Après la mort de ce dernier, 21 ventes furent nécessaires pour disperser sa collection entre 1989 et 1997 ! 10.360 lots catalogués et je ne cite que ceux qui sautent aux yeux : Barbey d’Aurevilly (deux nouvelles des Diaboliques), Baudelaire (67 lettres à sa mère, Le Voyage à Cythère, le contrat des Fleurs du Mal), Alphonse Daudet (Les contes du Lundi), Flaubert (les cahiers du Voyage en Orient, Le Candidat), Théophile Gautier (Mademoiselle Dafné), Les frères Goncourt (Germinie Lacerteux et la correspondance à Zola), Victor Hugo (épreuves corrigées des Misérables), Jules Laforgue (Les Moralités légendaires), Mallarmé (Les Fenêtres), Maupassant (Une vie), Octave Mirbeau (Le Jardin des supplices), Gérard de Nerval (Poésies et Poèmes), la comtesse de Ségur (Les Malheurs de Sophie), Stendhal (Histoire d’une partie de ma vie 1811), Verlaine (Bonheur, Dédicaces, Dans les limbes), Zola (préface de L’Assommoir et discours sur l’Affaire Dreyfus)… une collection vertigineuse.

Un des catalogues de vente du fonds de la librairie Pierre Bérès.

Nous pourrions inclure à cette liste la vente de Pierre Bérès (traitée de manière incomplète sur ce blog). Mais cette vente appartient déjà au XXIe siècle. Des collections telles que celles citées dans cet article paraissent aujourd’hui irréalisables.